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RDC : l'eau rare et sale, un vrai problème à Kinshasa

RDC : l'eau rare et sale, un vrai problème à Kinshasa
Des personnes se rassemblent autour d'un puits communal à Selembao, un quartier pauvre avec très peu d'eau ou d'électricité à la périphérie de Kinshasa, le 14 juillet 2023   -  
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EMMET LIVINGSTONE/AFP or licensors

République démocratique du Congo

Pour aller chercher de l'eau, Ariette Oto, mère de cinq enfants résidant dans un quartier périphérique de Kinshasa, emprunte un sentier sinueux et escarpé jusqu'en haut d'un ravin.

Là, elle remplit au robinet son bidon de 25 litres, paie 150 francs congolais (0,06 dollar) et rapporte à la maison le précieux chargement.

La quête de l'eau est un fardeau quotidien pour les habitants de Selembao, une des 24 communes de la capitale de la République démocratique du Congo.

Tout près de là coule le Congo, deuxième plus grand fleuve d'Afrique, et des pluies torrentielles s'abattent sur Kinshasa pendant huit mois de l'année. Mais pour de nombreux habitants de cette mégapole en pleine expansion où vivent quelque 15 millions de personnes, l'eau courante potable est une denrée rare.

Pénuries d'eau

Le problème est particulièrement aigu dans les quartiers périphériques, vastes étendues urbaines presque totalement coupées des services publics et ressemblant à des villages densément peuplés.

"Il y a des puits", mais "à boire, c'est très difficile", explique Pierre Mafula, 56 ans, qui s'est installé à Selembao il y a plus de dix ans et vit au fond d'un ravin. "C'est de l'eau sale. Il y a des amibes", dit-il.

Selon des experts, les pénuries d'eau sont dues à la croissance rapide de la population et à l'incapacité des pouvoirs publics de suivre le rythme. Et la situation semble s'aggraver.

Eau courante

Plus de 90% des ménages de Kinshasa avaient accès à l'eau courante en 2014, une proportion tombée à 72% en 2018, selon la Banque mondiale.

"Avant 2010, la production d'eau suffisait à couvrir les besoins de toute la ville", assure Patrick Goy Ndole, spécialiste de l'eau et de l'assainissement au bureau de la Banque mondiale à Kinshasa.

Et là où elle coule au robinet, l'eau peut présenter un risque pour la santé, plus de moitié de l'eau courante à Kinshasa étant infectée par la bactérie E.coli, selon des données de l'ONU.

Typhoïde

"C'est très grave...", lâche Alphonse Mbela Peko, 63 ans, un habitant de Selembao. Le puits privé près de sa maison pompe l'eau à seulement un mètre de profondeur. Selon lui, elle n'est pas potable.

Alphonse parcourt jusqu'à 5 km pour aller chercher de l'eau dans un ruisseau, mais même là, dit-il, on risque d'attraper la typhoïde.

Pour tenter de résoudre le problème, le gouvernement a ouvert en deux ans deux nouvelles usines d'eau à Kinshasa. Avec la dernière inauguration, en février, le bureau du président Félix Tshisekedi estime même avoir remporté "la guerre de l'eau".

Explosion démographique

"Aujourd'hui, la capacité a doublé par rapport à il y a cinq ans", déclare à l'AFP Giscard Kusema, directeur adjoint de la communication au cabinet du président. Mais malgré ces efforts, des pans entiers de Kinshasa ne sont toujours pas desservis.

Selembao, quartier de ravines érodées et de rues jonchées d'ordures, illustre les problèmes engendrés par l'explosion démographique.

Selon un rapport publié cette année par les autorités de la ville, environ 757 000 personnes sur les 777 000 vivant dans le quartier sont originaires de l'extérieur de Kinshasa. Et seulement 0,6% des habitants sont raccordés à la Regideso, la société nationale de distribution d'eau.

Glissements de terrain

Les puits privés, souvent construits à bon marché, sont donc une solution de repli. Gautier Dianzitu Kulu-Kimbembe, qui dirige une association construisant des puits à Selembao, affirme que la Regisdeo desservait jadis toute la commune.

Mais la construction effrénée et les glissements de terrain dus à l'érosion ont endommagé le réseau, explique-t-il.

"La population est abandonnée à son triste sort", les gens sont "obligés de marcher sur des kilomètres pour aller chercher de l'eau", déplore M. Kulu-Kimbembe, constatant que "ce sont surtout les femmes et les enfants qui en souffrent".

Ni la Regideso ni le ministère des Ressources hydrauliques n'ont répondu aux demandes de commentaires.

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